La conquête de nouveaux secteurs
Faudra-t-il un jour inscrire H&M et Zara sur la liste des enseignes
de prêt-à-porter haut de gamme ? Alors que le marché de l'habillement
est déjà fortement dominé par les chaînes discount telles La Halle,
Gémo ou Vêtimarché (Intermarché), les nouveaux venus positionnés sur le
créneau du hard discount commencent à semer la pagaille.
Inexistants il
y a encore quelques années, ils détiennent aujourd'hui près de 4 % de
parts de marché.
Vêt' Affaires est le leader du secteur avec à ce jour une cinquantaine de magasins mais un
potentiel de développement encore important et une rentabilité
d'exploitation de 20 % en 2002, à faire pâlir de jalousie les
distributeurs classiques. Ou encore Choyo, une enseigne développée par
Patrick Mulliez, le fils du fondateur d'Auchan, et tout récemment Parti
Prix. Le 18 août dernier, le groupe Vivarte a tapé un grand coup en ouvrant le même jour vingt-quatre magasins à
cette enseigne. A moyen terme, deux cents points de vente Parti Prix
pourraient essaimer en périphérie des villes françaises. La logique de
ces acteurs est imparable et repose, comme dans l'alimentaire, sur des
économies maximales permettant de proposer des articles dont le prix de
vente moyen tourne autour de... 4,5 euros
Autre secteur de la distribution où la déferlante hard discount s'est
abattue : le bricolage. En l'espace de quelques années, Brico Dépôt,
dernier né de Castorama (groupe Kingfisher),
s'est ainsi arrogé pas moins de 10 % du marché avec plus de 50
magasins et une centaine prévue dans cinq ans , profitant de la place
laissée vacante par des acteurs qui ont eu tendance à monter en gamme.
En 2001, l'ancien PDG de Castorama, Jean-Hugues
Loyez, disait à qui voulait l'entendre que Brico Dépôt était sans doute
le concept de magasins de bricolage le plus rentable du monde. Brico
Dépôt en tout cas a fait des petits. Emboîtant le pas de Castorama sur
le créneau des prix bas, Leroy Merlin a ainsi lancé sa propre enseigne
discount, baptisée Bricoman. Et vise les cinquante magasins dans quatre
ans.
Jusqu'où la déferlante des prix cassés peut-elle aller ? "Dans
le textile, le hard discount va continuer de croître à moyen terme,
mais sa part de marché ne sera jamais majoritaire. Le prix n'est pas le
seul argument dans ce secteur", indique Michel Schwarz, du cabinet
Kurt Salmon Associates.
Le consommateur, lorsqu'il le peut, cherche en
effet à sortir de ce créneau pour se faire plaisir. Dans le bricolage,
en revanche, certains prédisent que le hard discount pourrait
s'accaparer 20 % à 30 % du marché dans cinq ans. Mais "quelles que
soient les parts de marché que le hard discount non alimentaire
obtient, l'impact est fort sur les autres formats, car ce concept
influence les pratiques de consommation", poursuit Michel Schwarz.
De l'avis général des observateurs, le prochain touché sera le monde de
l'électroménager. Les Darty et consorts ont sans doute des cheveux
blancs à se faire. Un peu moins toutefois s'ils décident de lancer leur
propre concept, à l'image des Vivarte, Castorama ou Leroy Merlin. Car les grands groupes de distribution l'ont bien compris : mieux vaut se concurrencer en interne.